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PARLER À MON CORPS

Mokhtaria Bennourine

Le Corps, cet autre de soi même qui sans lui le "JE", ne peut exister, est souvent soumis aux pires traitements. Nous avons souvent tendance à oublier que sans lui nous ne verrions pas le sens de tous les sens et bien plus, nous ne serions pas ce que nous sommes. Le corps de la femme est doublement opprimé ; il est l’objet par excellence toutes les dérives, de tout temps, dans toutes les sociétés, les traditions, les politiques et les religions. Il est aussi bien l'arme de guerre de ceux qui se défendent que de ceux qui agressent...  Elles sont mères, soeurs, filles, enfants, épouses, et jamais l'égale de ceux qu'elles mettent au monde... Instruites ou non, elles vivent, à quelques différences près, le même traitement, le même destin et subissent les mêmes injustices, mépris, discriminations. Le même regard !

Elles ont alors appris à supporter, puis à accepter et enfin à être conditionnées !

Le premier pas serait de faire la paix avec son propre corps en tant que part de soi et non en tant que propriété d'un groupe, d'un lieu, d'une politique ou d'une religion. Car même de nos jours, ce sont toujours les autres qui décident !

De l’esthétique

J’ai choisi le noir et blanc, afin de mieux exprimer le contraste, l’opposition, le passé dans le présent, mais aussi dans un souci d’harmonie. Le noir et blanc nous permet de donner une intensité, un poids au contre-jour qui est un élément déterminant dans le développement de l’idée ; les deux espaces que constituent (intérieur et extérieur/ ombre et lumière, le débat et la délivrance...) la théâtralité et la réalité… C’est aussi cette dualité, ce divorce, cette incompréhension, voire cette démission qui existe entre l’esprit et le corps alors que l’un est dans l’autre, que l’autre est porté par l’un… Par touche, des couleurs apparaissent pour rappeler que nous parlons d’ici et maintenant.

 

Au vêtement

J’ai opté pour le noir et le blanc… « L’esprit » est vêtu en noir. Tandis que le corps est vétu d’un vêtement blanc transparent. Une manière de déculpabiliser le corps et de questionner l’esprit.

Le cerceau reflète le monde autour et le regard des autres…

Durant la scène, l’esprit se situe en dehors du cercle – comme détaché du corps - dans un rôle de spectateur passif, jusqu’à devenir complice lorsqu’il se retrouve au sein du cercle, aux côtés du corps.

Comme un clin d’œil à ma culture, j’ai utilisé le costume algérien berbère.

Même si l’idée originale était d’éviter toute forme de connotation car le sujet est universel, j’ai estimé nécessaire de rendre hommage aux femmes qui, chaque jour qui passe, livrent un dur combat à l’intérieur comme à l’extérieur de chez elles ! Le « visage » du corps est recouvert d’un filet doré telle une muselière. Même si le filet est fait d’or, il n’en demeure pas moins une prison.

 

En passant par la musique

La musique appartient au folklore africain. Une manière de rappeler l’importance de ce continent qui est la source des richesses humaines, naturelles, historiques et spirituelles. C’est aussi le symbole de la force et de la tendresse. Mama Africa ! Une référence aussi à la femme. C’est un continent qui, malgré toutes ses richesses, souffre.

 

Et la vidéo !

À l’origine, il s’agissait de présenter un projet photographique, mais pour des raisons matérielles, j’ai opté pour la vidéo. J’ai écrit un texte qui peut induire le spectateur en « erreur ». Ce n’est qu’à la fin qu’on réalise qu’on s’adresse au corps.

Comme la présentation du projet lors de l’évaluation ne relève pas de l’instantané, La vidéo permet à mon travail d’être consulté et visionné à tout moment, mais aussi d’être partagé plus facilement.

J’avoue aussi être très sensible à la photographie et aux arts visuels. Je ne les maitrise pas forcément, mais je pourrais rester des heures à photographier, à filmer et à « m’amuser » sur un logiciel de montage sans exprimer le moindre besoin de faire autre chose !

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Si nous ne nous assumons pas en tant que telles, nous ne parviendrons jamais à goûter au royaume de la paix et de la dignité ! Le respect vient d’abord de soi.

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